Née le 30 septembre 2004, je ne sais pas réellement dire si j'ai fait le bonheur de mes parents, mais c'est ce jour-là que j'ai poussé mes premiers cris. Petite, j'ai toujours été une enfant aventurière, aimant découvrir de nouvelles choses. J'ai souvent surpris mon entourage ; j'étais une enfant qui évoluait rapidement. Peut-être, indirectement, je savais quelle vie j'allais avoir ?

la famille
La famille, c'est quand même quelque chose... Je n'ai jamais réellement eu la véritable notion de ce mot. Enfin... Lorsque j'allais chez des amies et que je les voyais avec leurs parents, c'est à ce moment-là que je réalisais que ma famille n'était pas "normale". Premièrement, je n'avais pas de père. Inconnu au bataillon, il est parti lorsque ma mère lui a annoncé sa grossesse. Mais j'ai tendance à croire qu'elle ne savait juste pas qui était mon père. Peut-être le barman du coin, qui sait ? Grandir en l'absence d'un père a été difficile parfois, surtout que je n'ai jamais vraiment eu la chance de m'appuyer sur ma mère. Je devais me débrouiller seule.

Ma mère, c'est de loin le pire exemple... Je veux dire, je ne sais même pas pourquoi elle a fait des enfants, sérieusement. Depuis que je suis petite, elle baigne dans des addictions un peu trop bizarres, le genre de trucs qui te bousille le cerveau petit à petit et qui détruit en même temps tes proches. Je n'ai jamais réellement créé de lien avec ma mère, je lui en ai toujours voulu de m'avoir offert une vie comme celle-ci. Le poids s'est enlevé de mes épaules le jour où on m'a appelée pour me dire qu'elle avait fait une overdose. J'étais orpheline.

Je n'en parle jamais, mais j'ai une grande sœur, elle doit avoir dans la trentaine. On s'entendait bien et puis... Lorsqu'elle avait vingt ans, elle est partie et m'a laissée seule avec ma mère dans une situation chaotique. J'aurais aimé partir avec elle, mais elle m'a laissée dans la fosse aux loups et depuis, je lui en ai toujours voulu.

L'amour  
J'ai sincèrement un peu de mal à croire en l'amour. Oh, bien sûr, comme toute adolescente, j'ai eu mes petites histoires d'amour. Mais j'ai toujours eu du mal à croire en l'existence du prince charmant. Comment peux-tu aimer quelqu'un plus que ta propre vie ? Bien souvent, j'ai tendance à penser que j'ai du mal à aimer, parce que même mes parents n'ont pas réussi à m'aimer. Ce n'est pas toujours facile de se sentir seule. L'amour, que ce soit fraternel, maternel ou juste l'amour à l'état brut, je ne l'ai jamais vraiment connu, parce qu'à chaque fois, la personne fuit et puis... Je suis seule. La solitude... En vrai, on s'y fait, c'est pas mal. Même si parfois les gens ont pitié de moi.

la vie
C'est quand même quelque chose, la vie. Certains ont de la chance dans la vie, et puis moi, j'en ai pas. Mais on dit qu'on donne les combats les plus difficiles aux meilleurs soldats, non ? Enfin bref. La vie, c'est quelque chose à laquelle je me suis accrochée, bien qu'il m'est souvent arrivé de vouloir y mettre un terme, parce que j'avais du mal à y trouver un sens. Depuis toute petite, j'ai toujours eu une imagination débordante concernant la vie. J'arrivais à me projeter dans une vie meilleure pour "quand je serais grande", et puis le temps a continué à passer et j'ai toujours eu quelque part le nez dans la merde. Je n'ai jamais eu ma grande villa avec un chien et peut-être un mari et des enfants. Non, j'ai 19 ans et malgré mon âge, j'ai toujours l'impression d'être en bas de l'échelle, de n'arriver à rien et sincèrement, je lutte intérieurement pour ne pas sombrer, même si je dois le reconnaître, j'ai la chance aujourd'hui d'être entourée.

Rose 
Lorsque je suis arrivée à Pine Creek, je n'avais rien. J'étais partie avec mes quelques économies, bien sûr, mais pas assez pour me permettre de vivre. Mais... Je me suis toujours débrouillée. J'ai couché dans ma voiture, j'ai dormi sous des températures si froides que parfois mon corps entier gelait, recroquevillée sur moi-même pour espérer me réchauffer un peu. Et puis un soir, elle est arrivée. Elle, c'est Rose, la femme qui m'a très certainement sauvé la vie, celle qui m'a sortie de la galère. J'ai dormi chez elle, d'abord pour me protéger du froid, et les jours ont passé, les semaines, puis les mois.

Rose m'a offert une vie meilleure, un confort que je n'avais jamais eu auparavant. Je ne peux pas l'expliquer, mais son regard envers moi, ainsi que ses gestes, ce sont des choses auxquelles je n'avais jamais eu droit avant. Je l'aime d'une façon dont je serais incapable d'expliquer... Elle me montre que oui, j'ai un passé de merde, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas prendre les cartes en main pour assurer un avenir meilleur. Aujourd'hui encore, comme tous les jours, elle m'aide. Je suis en recherche d'emploi et c'est assez compliqué, sans mentir... Mais heureusement pour moi, Rose est là.