Les notes mélodieuses s’élèvent soudainement de ce piano qu’elle doit sans cesse réaccorder mais dont elle ne se débarrasse pas, seul vestige laissé par son frère, présent qu’il lui avait offert à sa majorité malgré le manque évident de moyens financiers pour faire un tel cadeau, même s’il l’avait acheté d’occasion. On ne s’imagine pas ce qui se cache derrière ce doux sourire mélancolique qui étirent ses lèvres. Ses paupières se ferment même pour mieux se laisser transporter par l’instant. Elle se laisse porter au gré du vent quand ce ne sont pas les vagues dans lesquelles elle se noie parfois, quand l’allégresse n’est plus là. Mais ça, elle ne le montre pas, à moins que vous soyez très proche d’elle. Dans ce cas, vous avez connaissance de ses défauts, de ses faiblesses. Celles qu’elle ne dévoile pas à n’importe qui, celles-ci même qui peuvent la mettre plus bas que terre, alors qu’elle ne veut pas répéter la descente aux enfers de sa mère.
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Descente aux enfers causé par son père, qu’elle ne considère de toute façon pas comme tel. Elle ne se souvient même plus de son visage, juste de sa silhouette qui n’a jamais repassé la porte de leur maison en cette soirée printanière. Il est tout simplement parti, sans explications. C’était d’autant plus inexplicable que tout semblait aller bien. Mais elle était petite, Lena, elle n’a rien vu, rien entendu, du moins elle ne s’en souvient pas, si ce n’est de l’après. Une mère s’enfonçant dans l’alcoolisme, pour oublier. Oublier un amour disparu ou une rupture inattendue, mais surtout oublier ses enfants au point que les rôles s’inversent. L’amour, le vrai, l’unique, n’est censé durer toujours ? Il aura en tout cas eu raison d’elle, emportée lentement par son chagrin d’amour que le temps n’a pu réussir à effacer, laissant derrière elle deux âmes meurtris.
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Est-ce à cause de ce schéma familial que toutes ces relations amoureuses foirent, étant de toute façon toutes vouées à l’échec à cause de son cœur barricadé, rose éclatante entourée d’épines acérées ne laissant aucune place aux sentiments, synonyme de désespoir et de tourmente ? Pourtant, l’amour est un sujet récurrent dans ces textes, notamment de par ses contradictions. Sentiment qu’elle fuit tantôt pour ensuite s’y agripper si fort au point d’égratigner son palpitant. Elle ne sait pas le maitriser, Lena, se laissant emporter pour ce tourbillon d’émotions qui la saisit souvent avant de s’échapper des caresses mordantes nocturnes avant le petit matin. Elle ne se laissera pas avoir comme sa mère mais difficile de ne pas y céder quand il s’agit de sa principale inspiration.
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Elle a du mal à se lier aux gens, la jeune Clarke. Pourtant elle a su se créer une seconde famille, celle avec qui elle est sur scène, qui devient peu à peu son moteur. Doux ronronnements faisant accélérer le palpitant quand les mots se mêlent aux notes, animant son âme dans une danse enivrante. Il y a également son frère, son pilier, celui qu’elle considère avant tout, fusionnels comme ils étaient. Imparfait employé car à l’heure d’aujourd’hui, il ne fait plus partie de ce monde, emporté par la faucheuse qui apparemment les poursuit. Accident de voiture, évènement anodin mais évènement qui la fragilisa d’avantage malgré le masque inexpressif qu’elle s’est forgé au fil du temps et qui ne quitte que rarement son visage. Perte supplémentaire mais qui lui laisse une plaie béante qu’elle n’arrive pas à faire cicatriser, sans doute parce qu’elle n’y met aucune volonté, s’obligeant à supporter cette souffrance quand la vie a été enlevé à l’être au plus cher de son cœur.
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Pine Creek est une ville qu’elle aime autant qu’elle déteste, témoin de son premier cri, de ses premiers pas, de ses premiers instants de vie qui sont à présent soit des souvenirs cuisants soit des souvenirs apaisants. Elle aimerait autant la quitter qu’y rester, trop attachée à la nostalgie qu’elle dégage et dans laquelle elle aime parfois se perdre, trouvant le courage de s’y détourner avec quelques substances illicites afin de pouvoir retrouver son souffle le temps de quelques heures avant d’y replonger encore plus profondément. Elle ne sait pas de quoi l’avenir est fait, mais elle continuera de se battre, à sa manière, de toutes ses forces, portée par son rêve que sa musique marquent les esprits comme la vie a pu la marquer au fer rouge.